Ludwig Von 88

Samedi 1 mars 1997
salle P. Avon, Le Teil


Non mais, qu'est-ce que vous pensiez, que le parking serais vide ? Ça ne va pas la tête ? Non seulement il est rempli, et avant 20H30 (heure d'ouverture des portes). En effet, il y a du monde ! Le concert commence avec Bif : du rock-pop-core ; apparement, le public est sceptique, il y a du monde, mais au bar ! Seul quelques téméraires se sont approchés de la scène, mais pour s'asseoir ! Bif essaye pourtant de bouger et de faire bouger avec des morceaux un peu plus speed, mais rien ni fait. Vient ensuite le tour de Vodkof : du rock-speed avec quelques morceaux de reggae. On pourrais presque dire qu'ils jouent dans leur jardin, et oui ils sont d'Aubenas : quelques pâtés de maisons plus loin. Dès le premier morceaux ça pogote et ce jusqu'au dernier. Ce n'est pas le pogo général mais un pogo avec une petite poignée de mecs qui n'hésitent pas à y aller et à y retourner. Après, c'est le tour de Ludwig Von 88 qu'on ne présente plus. Qu'est-ce que tu dis ? Il faut les présenter ? Il y a des gens qui ne savent pas encore qui c'est ? Bon, OK ! Alors pour les ignares ou les nouveaux dans le milieu, sachez que LV88 est avant tout un groupe de scène. Ils arrivent déguisés, changent de fringues presqu'à tous les morceaux, il y a des confettis, on invite ses copains à venir chanter (les Frères Bavarois sur les morceaux reggae ou ragga) et en plus, c'est un mélange de punk, de trash, de reggae, de hip-hop, de salsa, de tango, etc... Quand au public, il est à fond : ça pogote, ça slam, ça saute, ça chante, bref c'est la fête. Merci à SinéKwaNon pour cette si bonne soirée. Eh oui, bande de petit veinard, nous avons pu faire l'interview de LV88. Mais attention, il ne s'agit pas de l'interview auquel vous êtes habitué : cet interview a été réalisé en commun avec nos pôtes d'une (enfin plutôt 3) radio(s) et j'interviens très peu, alors soyez vigilants. Je suis désolé les mecs, mais je n'arrive pas à remettre la main sur vos prénoms. Alors pour simplifier les choses, quand il s'agira d'une question posée par eux, et bien je mettrais «eux» tout bêtement.

-Eux : Tu joues aux cartes tout seul ?

-Charlu : Non, je joue aux cartes avec le public qui est très sympathique.

-Nobru : Pendant que nous on joue, il est sur le côté et il fait des tours de magie, c'est très conceptuel.

-Charlu : C'est interactif.

-Eux : Vous n'êtes pas seul, il y a d'autres personnes avec vous !

-Nobru : Il y a un chanteur, qui s'appelle Karim, qui est un chanteur velu et il y a un mec derrière qui est

-Eux : Pouvez-vous vous présenter et présenter le reste du groupe qui n'est pas parmi nous ?

-Nobru (guitare) : Alors, moi c'est Nobru, je joue du yukulélé dans les Ludwig, tu sais, c'est l'instrument qu'on entend et qui fait gring-gring sur le côté.

-Charlu (basse) : Et moi je joue aux cartes sur le côté de la scène, c'est moi qui fait l'animation basse. un imberbe, qui s'appelle Junior Cony.

-Eux : Vous pouvez présenter aussi les demoiselles qui ont lancé les confettis ?

-Nobru : Les demoiselles, c'est les Frères Bavarois.

-Eux : J'ai vu des demoiselles !

-Nobru : Ah bon ? Je ne les ai pas vu, c'est qui ? Mais il y a pas mal de monde dans l'équipe Ludwig, on est 11 quand on tourne, il y a un artificier, il y a les Frères Bavarois, il y a ...pouh là là !

-Eux : Les Frères Bavarois, c'est les personnes que vous avez fait monter pour chanter avec vous?

- Nobru : Ouais, c'est ça, c'est les 2 qui font du raggamuffin sur nos morceaux reggae.

-Eux : Et les Ludwig, ça a commencé il y a combien de temps ?

-Nobru : Le premier truc en 83, le premier concert : fin 83, dans un asile de fou, et le public était très content.

-Eux : C'est pour ça que vous avez continué ?

-Nobru : Ouais, on c'est dit que si ça marche chez les fous : c'est bon !

-Eux : Le concert de ce soir, c'était comment ?

-Nobru : C'était bien, c'était bien chaud, les gens se bougeaient, c'était cool. Bon lui (Charlu) ça fait quelques concerts qui nous fait des trucs : s'en va et ça reviens, c'est fait de tout petit rien.

-Eux : Par rapport au mouvement alternatif, vous vous classez comment dans votre style de musique ?

-Nobru : Alternatouf ! Touf par rapport à quoi ? Par rapport à ce que représente le mouvement alternatif, ouais, les Ludwig c'est un groupe alternatif : on se produit nous-même, on fait en sorte que les concerts ne soient pas chers, que les disques soient le moins chers possible, enfin tu vois, il y a une politique de contrôle.

-Eux : Depuis vos débuts, vous avez fait combien d'album ?

-Nobru : 8 je crois, oui, 8.

-Eux : Désormais, vous commencez à être bien reconnus, est-ce que vous arrivez à vivre de la musique ? il pète la basse à peu près au dizième morceau. En fait je vais vous expliquer ce qui ce passe : ce garçon là a un petit manque affectif et il a besoin de l'amour du public, quand il se sent un peu délaissé, il fait semblant de faire l'interressant, il fait genre : «j'ai cassé ma basse ! » alors les gens font : «oh, le pauvre ! » et voilà, après ça va mieux.

-Nobru : Ouais, maintenant ouais, mais ça fait 13 ans qu'on joue et on n'a pas toujours vécu ça, il y a des hauts et des bas.

-Charlu : C'est de l'alternatif : des fois du dort dans un 8 m, des fois on volait des pâtes, traffic de meuble, enfin tout est bon, c'est la jungle donc tu te demmerdes.

-Vicking (et oui, je parle ! ):En clair, c'est Jean-Luc Delarue

-Charlu : Attends, là il délire, je crois plutôt que pendant tout le concert, j'ai ramé.

-Nobru : Sinon le public était bien chaud ce soir, c'était bien cool, ça fait plaisir de jouer dans des salles où ça bouge bien.

-Eux : Et l'évolution de Ludwig : c'est quoi la différence entre le début et maintenant ?

-Charlu : Au début, on était primates, maintenant on est hommes.

-Nobru : Je pourrais te dire que maintenant, on fait moins de fausses notes, mais ce n'est pas vrai; je pourrais te dire qu'on sait mieux jouer, en tout cas moi, peut-être pas lui (encore Charlu).

-Charlu : Ce n'est pas vrai non plus, mais bon !

-Nobru : Sinon, ça reste du Ludwig quand même, on essaye de faire des trucs un peu différent, un peu rigolo ou pas rigolo : genre Hiroshima, ce n'était pas du tout drôle. Et puis maintenant, on revient sur un truc plus dans le trip déconnade, puis voilà, l'évolution ça se fait je ne sais pas, on ne réfléchi pas tellement là- dessus, c'est comme le mouvement alternatif : ça qui vous a sauvé en vous invitant à « ça se discute » ?

-Nobru : Je ne sais pas s'il nous a vraiment sauvé la mise, parce que le lendemain, ils ont cassé le disque en direct sur Fun radio. Mais au moins, Fun radio ils ont parlé de nous.

-Eux : Comment vous vous sentez médiatisé ? Quand on voit Noir Désir qui est bien médiatisé et vous qui êtes quand même un groupe qui a vécu ? -Nobru : Ouais mais Noir Désir, ils vendent beaucoup plus d'albums que les Ludwig, ils vendent 10 fois plus que nous donc ils ont 10 fois plus de presse peut-être. En plus, nous on n'est pas beaucoup médiatisé parce que je crois qu'on échappe à la classification de style, etc... On peut très bien avoir plein de points communs avec des groupes de musique qui ne font pas du tout le même genre que nous : au point de vue de la démarche, au niveau des idées, au niveau de plein de chose, on ne se classe pas dans un style de rock, le rock est mort. C'est Karim qui m'a dit ça aujourd'hui.

-Charlu : Moi je dis que le rock est mort depuis qu'Elvis est parti à l'armée.

-Eux : Vous avez ingurgité les nouveaux sons ?

-Nobru : Nous, on écoute plein de trucs différents.

-Charlu : Disons que la techno, ils ont copié sur nous, ils ont récupéré les sons de notre boîte pour faire des morceaux.

-Nobru : Sinon, à part ça, comme on écoute plein de musiques différentes, on est au contact de plein de gens différents, donc forcement on n'est pas resté dans un truc uniquement, ça fait un peu peur de devenir le mec qui écoute la même chose depuis 30 ans, le vieux hard-rockeur qui faisait : le reste c'est de la merde. Mais je ne dis pas ça pour toi (en me montrant moi !).

-Vicking : Je te rassure, je n'écoute pas que du hard, j'écoute aussi bien Bob Marley que Hendrix que Carcass ou Napalm Death !

-Nobru : Comme nous ! Il y a plein de truc qui bougent bien !

-Eux : Et le fait de ne pas avoir de batteur, c'est pourquoi ?

-Nobru (en chuchotant) : Voilà, je fais t'expliquer, mais c'est un secret, il ne faut pas qu'elle entende (la boîte à rythme). On a essayé de la virer une fois et les gens dans le public n'ont pas compris, ils ont dit :  « ouais, qu'est-ce que c'est que ça, les Ludwig si vous jeté la boîte à rythme, on ne vient plus à vos concerts ! » alors du coup on l'a reprise parce qu'on est un peu pute quand même.

-Eux : Qu'est ce que vous essayé de faire passer à travers vos chansons : il y a un message ou c'est surtout côté fête ?

-Nobru : Ouais, c'est côté fête, mais c'est fait la fête et ouvre ta gueule ! Surtout par les temps qui courrent : c'est une période un peu cheulou en ce moment, il ne faut pas laisser le terrain, parce que si on laisse l'extrème droite s'installer, les idées de Le Pen s'installer partout, après on se fera vraiment baisé.

-Eux : Justement, par rapport à ça, dans un de vos CD, vous remerciez le Sous-Marin de Vitrolles qui maintenant est un peu en danger à cause de la municipalité FN.

-Nobru : Nous, on a joué plusieur fois à Vitrolles au Sous-Marin et c'est des gens qui se bougent bien.

-Karim (chanteur en retard et de passage) : Attends, tu parles à un fanzine genre réactionnaire!

-Eux : Est ce que vous préférez le côté scène ou le côté enregistrement ? Parce que dans le côté scène, il y a un délire et côté enregistrement vous mettez des tas de sons, vous partez dans d'autres délires.

-Nobru : Le côté scène, c'est un délire vachement plus speed, tu ne prévois rien, ça se passe comme ça. En studio, tu peux prendre le temps de délirer, tu peux revenir sur ce que tu as fait, tu peux t'amuser vraiment, préparer des trucs, c'est un autre délire mais c'est aussi interressant. Déjà avant de sortir des disques, on faisait des K7 et entre les morceaux on mettait des conneries.

-Eux : Est-ce que vous aimez notre nouveau président ?

-Vicking : C'n'est pas une question ça !

-Nobru : On l'aimerai bien, ouais, au bout d'une corde.

-Vicking : Ça c'est une réponse !

-Eux : Pour revenir à vos CDs, est-ce que vous avez quelque chose contre Charlie Oleg et Walt Disney ?

-Nobru : Non ...

-Charlu : Walt Disney : si !

-Nobru : ... Charlie Oleg, on l'aime bien, c'est un mec plutôt sympathique, il fait de la musique comme les Ludwig, comme c'est un dieu de l'orgue, nous on essaye de faire des morceaux pour lui rendre hommage un peu dans son style : c'est les morceaux qu'il y a sur le dernier disque. Ayrton Senna, c'est un mec qui vivait à donf, il est mort à donf.

-Vicking : Justement, à propos du dernier album : Sophie et Hans c'est qui ?

-Nobru : C'est une question qui est beaucoup revenue à mes oreilles, c'est vrai qu'ils ne sont pas connus. Alors, c'est un jeu qu'on a fait ...., non en fait tu vois, on s'est aperçu après que l'on n'a pas été très explicite sur ce coup là. En fait, c'est Sophie et Hans Schule qui étaient des allemands, quand ils étaient jeunes, ils avaient été enrolés dans les jeunesses hitleriennes et arrivés à l'âge d'étudiant, ils ont compris, ils ont pris du recul par rapport à ça, ils ont compris que ce n'était pas positif tout ça et donc ils ont résistés, ils ont fait des tracts, ils se sont fait arrêter, internés en camps et tués. Donc voilà, cette chanson c'est sur des anti-nazis.

-Vicking : Donc côté prophètes !

-Nobru : Ouais, côté prophètes !

-Eux : Le futur des Ludwig : ça va être quoi ?

-Nobru : Ouais, ouais, pas mal, il y a d'ailleur un morceau qu'on a fait qui s'appelle Tango pour les Gambas qui va bientôt sortir, il y aura un 10 titres

qui devrait arriver soit avant l'été, soit après l'été. Et puis, on va sûrement faire notre label. Ce n'est pas mal déjà !

-Eux : Qu'elle est votre position par rapport au canabis que vous citez dans de nombreuses chansons ?

-Nobru : Notre position, elle est très claire : la méthode répressive ne sert à rien, ça ne fait que faire chier tout le monde. Il y a des mecs l'autre jour qui m'ont dit qu'un mec à été en taule : pour une barette, il a pris 6 mois ferme ! C'est quoi ce délire ? Plus tu es dans le côté repressif, moins il y a de solutions. La solution pour nous, c'est de légaliser, mais pas seulement la ganja, enfin déjà ça, mais avoir une politique générale au niveau des drogues, parce que les toxicos, il y a vraiment de gros problèmes avec eux, ils ne sont pas pris en charge, du coup ils sont obligé soit de se prostituer soit de faire des trucs pas clean. Donc nous, on est plus pour une politique d'ensemble au niveau de la drogue et au niveau de la ganja pour qu'on puisse fumer notre pétard tranquille. Ça va, on n'est pas des drogués parce qu'on fume un pétard.

-Eux : Tu te sents concerné par le CIRC (Comité International sur la Recherche Canabistique) de Jean-Pierre Gallant ?

-Nobru : Bien sûr, on a déjà fait des concerts de soutient pour le CIRC. C'est clair, ils informent les gens de ce qui est, parce qu'en fait tout ce qu'on te dit, ce que tu vois souvent sur la drogue, enfin sur la drogue : ce n'est même pas de la drogue, je refuse d'appeller ça de la drogue, c'est de l'herbe : qui pousse dans ton jardin naturellement comme du chiendent, après tu l'a mets dans ta tisane. Justement, c'est tout un art de faire pousser de la bonne beuh, alors qu'ils le reconnaissent !

-Eux : Qu'est-ce que vous pensez de ce beau pays qu'est l'Ardèche ?

-Vicking : Espèce de nationaliste, régionaliste !

-Nobru : Pour l'indépendance de l'Ardèche, nous sommes pour, évidemment ! N'est-ce pas Charlu ?

-Charlu : L'indépendance de l'Ardèche ? Alors moi franchement sans déconner tous les mecs indépendantistes, ça me casse les couilles. Tu sais pourquoi ? Parce que les mecs ils commencent à mettre des frontières. La Terre, elle est à tout le monde, alors ne nous casser pas les couilles, il y a l'Ardèche, il y a le pacifique, il y a les requins du pacifique, il y a des requins aussi à New-York !

-Nobru : Oui, OK, merci Charlu !

-Eux : Votre concert de ce soir, ça sera un bon souvenir malgré quelques problèmes techniques?

-Nobru : Les problèmes techniques, c'est les joies du direct, c'est pour prouver aux gens que tout est calculer, que c'est pas du play-back.

-Eux : Est-ce que vous avez un petit côté travestis ou pas du tout ?

-Nobru : En fait, on est des drag-queens.

-Charlu : Ils ont mis du temps à le remarquer !

-Nobru : Là, tu ne nous vois pas dans notre tenue, pour les interviews on essaye d'avoir l'air crédible pour les photos, la télé, mais après quand on rentre à l'hôtel, on se déshabille, on met nos robes et nous allons danser.

-Vicking : Je te l'avais dis qu'il a des questions bizzare !

-Eux : On va vous demander le mot de la fin.

-Vicking : Moi aussi, je termine comme ça !

-Charlu : Fin !

-Vicking : C'est un truc connu ça !

-Charlu : Ben ouais, il était déjà là la dernière fois que j'ai fait une interview, mais moi je termine toujours par FIN !

-Nobru : Bon c'est la fin alors, mais n'oubliez pas d'ouvrir votre gueule !

-Charlu : Faîtes la fête mais ouvrez votre gueule ! Mais pas tout le monde : les gros cons fermez vos gueules !

-Eux : Merci aux Ludwig !

-Vicking : Ben moi je remercie la radio !

-Eux : Merci au Vicking !